Les besoins essentiels du bébé
- Babynaiss
Notre objectif en tant que parents : répondre aux besoins de notre bébé… ?!
Dit comme ça, ça semble facile… Ok, mais alors, de quoi a vraiment besoin bébé ?
Pour répondre à cette question, je vous invite à vous replonger dans notre histoire lointaine (si lointaine que ça ?).
Le bébé humain, un mammifère comme les autres
Nous avons parfois tendance à oublier que l’être humain est un mammifère. Pourtant, en observant d’autres espèces, nous retrouvons des comportements instinctifs qui se rapprochent de ceux des bébés humains. Un petit mammifère donc, naît avec des réflexes innés destinés à assurer sa survie. Par exemple, un bébé singe s’accroche instinctivement à sa mère lorsqu’elle se déplace. Un chaton cherche le contact et la chaleur. Tous les mammifères se dirigent instinctivement vers la mamelle de leur mère dans les instants suivant la naissance pour téter son lait.
Tout comme ces “animaux”, nos ancêtres répondaient naturellement aux besoins de leurs bébés grâce à des pratiques instinctives.
Mais au fil des siècles, notre mode de vie a évolué… au détriment de ces comportements naturels. Pourtant, les besoins fondamentaux du petit d’homme restent les mêmes que ceux des autres espèces : se nourrir, dormir, être en sécurité et se maintenir en bonne santé. Et les réflexes ancestraux sont encore bien présents, ancrés en nous.
Le bébé à la naissance présente encore des traces de ces comportements destinés à assurer sa survie, qui disparaissent plus ou moins rapidement au cours des semaines.
Les réflexes primitifs
Ces réflexes, appelés réflexes archaïques ou primitifs, sont inscrits dans notre système nerveux et témoignent de notre appartenance au règne animal.
Voici les principaux réflexes observés à la naissance :
Le réflexe de succion
Ce réflexe est l’un des plus essentiels pour la survie du nourrisson. Dès qu’un objet (le sein, un doigt, une tétine) touche son palais, le bébé commence instinctivement à téter. Ce réflexe lui permet de se nourrir immédiatement après la naissance, tout comme un petit mammifère qui cherche les mamelles de sa mère.
Le réflexe de recherche (ou rooting reflex)
Lorsqu’on effleure la joue d’un nouveau-né, il tourne automatiquement la tête dans cette direction, ouvrant la bouche en quête d’un mamelon. Ce réflexe est particulièrement utile pour l’allaitement, permettant au bébé de trouver instinctivement le sein de sa mère.
Ce réflexe disparaît généralement vers 3 à 4 mois, à mesure que bébé apprend à coordonner ses mouvements de manière plus consciente.
Le réflexe de Moro (ou réflexe de sursaut)
Lorsqu’un bébé est surpris par un bruit fort ou un mouvement brusque, il écarte soudainement les bras et les jambes, avant de les ramener vers son corps comme s’il cherchait à s’accrocher à quelque chose.
Il témoigne de l’immaturité du système nerveux du nouveau-né humain.
Il pourrait être un vestige ancestral lié à la nécessité de s’accrocher à la mère (comme chez les singes).
Le réflexe de Moro disparaît généralement entre 4 et 6 mois.
Le réflexe d’agrippement (ou grasping)
Si vous placez un doigt dans la paume d’un nouveau-né, il refermera immédiatement ses doigts dessus avec une force surprenante. Ce réflexe se retrouve aussi au niveau des pieds : si l’on effleure la plante du pied, les orteils se recroquevillent.
Il rappelle le besoin instinctif de s’agripper à la mère (comme un bébé singe suspendu à sa mère).
Ce réflexe disparaît autour de 3 à 6 mois pour les mains et un peu plus tard pour les pieds.
Le bébé humain, un bébé immature ?
Ces réflexes primitifs sont les traces de notre évolution et témoignent de notre appartenance au règne animal.
Toutefois, contrairement à d’autres mammifères qui naissent relativement autonomes (comme un poulain capable de marcher en quelques heures), le bébé humain est un « bébé prématuré » sur le plan du développement moteur et cognitif. Il naît dans un état de dépendance extrême et nécessite une prise en charge totale par ses parents.
Ce phénomène est lié à l’évolution de notre espèce :
- Notre cerveau étant très volumineux, la naissance doit avoir lieu avant qu’il ne devienne trop gros pour passer le bassin maternel.
- Cela signifie que l’être humain naît avec un cerveau encore immature, nécessitant plusieurs années pour atteindre son plein développement.
Les premiers mois de la vie extra-utérine sont donc une sorte de quatrième trimestre de grossesse, où le nourrisson a encore besoin de beaucoup de proximité et d’adaptations pour continuer sa maturation en douceur.
Un bébé programmé pour être porté
Si l’on observe les autres mammifères, on remarque que les petits sont classés en trois grandes catégories :
- Les nidifuges (chevaux, cerfs, éléphants) : ils naissent assez développés et peuvent suivre leur mère quelques heures après la naissance.
- Les nidicoles (chats, chiens, lapins) : ils naissent immatures et restent dans un nid ou un terrier en attendant leur développement.
- Les portés (singes, kangourous… et humains) : ils naissent immatures et ont besoin d’être constamment en contact avec leur mère pour se sentir en sécurité.
Le bébé humain appartient à cette troisième catégorie. Il est fait pour être porté, bercé, réchauffé et allaité fréquemment, exactement comme les bébés primates.
Les pratiques ancestrales de portage, d’allaitement à la demande et de cosleeping ne sont donc pas de simples tendances, mais bien des réponses naturelles à des besoins biologiques fondamentaux.
Les besoins primaires
Boire et manger
L’alimentation et l’hydratation sont la priorité absolue du nourrisson. Il naît avec un besoin irrépressible de téter, qui va bien au-delà de la simple nutrition : téter apaise, rassure et procure du plaisir.
- L’allaitement maternel, lorsqu’il est possible, est l’option la plus naturelle et adaptée aux besoins du bébé. Il apporte les nutriments nécessaires et s’adapte en temps réel aux besoins du nourrisson.
- Le lait infantile, bien que moins optimal, permet de nourrir bébé si l’allaitement n’est pas souhaité ou possible.
- L’alimentation à la demande est essentielle : le bébé n’a pas encore de notion de temps et ses besoins varient selon sa croissance.
Contrairement aux adultes qui peuvent stocker de l’énergie sous forme de graisse et gérer des périodes de jeûne, un nourrisson possède des réserves très limitées et doit s’alimenter fréquemment pour assurer sa croissance et son développement.
Pour répondre à ce besoin d’apport énergétique constant, in-utéro, bébé était nourri en continu. A la naissance, le colostrum, 1er lait fabriqué par la glande mammaire, répond parfaitement à cette indication : il est très calorique, hydratant, et digeste. Pour répondre aux dépenses énergétiques, bébé va avoir besoin d’apports nutritionnels très rapprochés.
Son estomac est donc naturellement de toute petite taille, d’une capacité d’environ 5 à 7 mL les 1ers jours, soit la taille d’une cerise. Il ne peut donc recevoir qu’une très petite quantité de lait à chaque tétée, pour atteindre environ 100 à 150ml à 1 mois. Cette petite capacité “force” l’organisme à réclamer des apports nutritionnels très fréquents.
En respectant son rythme naturel et en adoptant une approche à la demande, on favorise non seulement une bonne croissance, mais aussi un sentiment de sécurité essentiel à son bien-être.
Dormir
Contrairement aux adultes, un nouveau-né ne fait pas de longues nuits ininterrompues. Son sommeil est fractionné en plusieurs cycles courts, ce qui est totalement normal et biologique.
Le sommeil, bien que vital, nous met dans un état de vulnérabilité important. Notre cerveau ne peut se reposer que s’il se sait/sent en totale sécurité !
Pour le nouveau-né, cela se traduit par un besoin de proximité très fort : dans la nature, un petit mammifère dort contre sa mère, et le bébé humain a le même besoin, des cycles courts et une prédominance de sommeil agité.
Le sommeil agité favorise :
- Le développement cérébral : c’est un moment clé pour la maturation du cerveau et l’apprentissage.
- Le réveil rapide en cas de besoin : cela permet au bébé de signaler un inconfort (faim, froid, besoin de contact).
Le sommeil du nourrisson est donc programmé pour répondre à ses besoins physiologiques immédiats, plutôt que pour s’aligner avec les rythmes de sommeil des adultes.
Les réveils nocturnes du nourrisson sont souvent source d’épuisement pour les parents, mais eux aussi ont une fonction essentielle :
- Prévention du syndrome de la mort inattendue du nourrisson (SMIN)
- Un sommeil trop profond pourrait être dangereux pour un bébé dont le système respiratoire est encore immature.
- Les réveils fréquents réduisent ce risque en stimulant la respiration.
- Besoins physiologiques
- Un nourrisson a un petit estomac et doit s’alimenter fréquemment (y compris la nuit).
- Le contact avec les parents aide à réguler sa température, sa respiration et son stress.
Le sommeil des bébés est donc conçu pour favoriser leur survie et leur développement, même si cela ne correspond pas au rythme de vie des adultes.
Dans la nature, les bébés mammifères dorment près de leur mère, ce qui leur apporte chaleur, sécurité et accès facile à la nourriture. Le bébé humain conserve ce besoin biologique.
Le sommeil du nourrisson est un processus immature, évolutif et adaptatif, conçu pour répondre à ses besoins de survie et de développement.
Etre en sécurité
Contrairement à certains mammifères qui marchent quelques heures après la naissance, l’humain met plusieurs années à devenir autonome.
Dès la naissance, bébé a donc un besoin fondamental d’être rassuré et entouré. Le contact avec ses parents est crucial pour son développement émotionnel et physique.
- Le contact physique est primordial : le peau à peau aide bébé à réguler sa température, sa respiration et son rythme cardiaque. Il favorise également la création du lien d’attachement avec ses parents. Le portage rappelle la sensation intra-utérine et procure un sentiment de sécurité.
- Les pleurs sont un langage : un bébé ne pleure pas pour manipuler, mais pour exprimer un besoin : la faim, le froid, la fatigue… ou simplement un besoin de réconfort. Y répondre rapidement renforce sa confiance en son environnement.
Un bébé qui se sent en sécurité développe un attachement fort avec ses parents et grandit avec une meilleure confiance en lui. Il se laisse également plus facilement aller au sommeil…
Se maintenir en bonne santé
Notre peau est normalement un rempart protégeant l’organisme.
Dépourvue de fourrure, de couche de graisse, de « cuir », et ayant passé neuf mois dans un environnement chaud et stable à 37°C, celle des nouveau-nés est extrêmement fragile.
À la naissance, bébé est brusquement exposé à un monde où la température est bien plus basse, ce qui représente un véritable défi thermique.
Pourquoi les nouveau-nés sont-ils sensibles au froid ?
- Une surface corporelle importante
- Le rapport entre la surface corporelle et la masse est élevé, ce qui signifie qu’un bébé perd de la chaleur très rapidement.
- Un système de thermorégulation immature
- Le nourrisson ne sait pas encore frissonner, ce qui limite sa capacité à produire de la chaleur.
- Des réserves énergétiques limitées
- Bébé ne peut pas mobiliser instantanément ses graisses et son glucose pour produire de la chaleur.
Comment aider bébé à maintenir sa température ?
- Le peau à peau : une protection naturelle
- Dès la naissance, placer le bébé en contact peau à peau avec l’un des parents est le moyen le plus efficace pour stabiliser sa température.
- La chaleur du corps parental agit comme un radiateur naturel.
- Un environnement adapté
- Éviter les courants d’air et l’exposition directe au froid.
- L’habillement : ni trop, ni trop peu
- On suit la règle des couches superposées : 1 couche de plus que l’adulte
- Un bonnet pour protéger la tête, car 30 à 40 % de la chaleur corporelle s’échappe par la tête.
- Attention à ne pas trop couvrir bébé ! Un excès de chaleur peut provoquer une hyperthermie.
- Une alimentation suffisante
- L’apport énergétique régulier (lait maternel ou infantile) joue un rôle clé dans la production de chaleur.
- Un bébé en hypothermie peut avoir des difficultés à téter, ce qui aggrave la situation.
Cette fragilité va aussi conditionner l’hygiène à apporter à bébé.
Une peau délicate qui nécessite une attention particulière
La peau du nourrisson est 5 fois plus fine que celle de l’adulte, ce qui la rend :
- Perméable aux substances extérieures : les produits agressifs peuvent facilement la traverser.
- Sensible à la déshydratation : elle retient moins bien l’eau et a tendance à se dessécher rapidement.
- Fragile face aux irritations : le contact avec des savons, des lingettes parfumées ou des textiles synthétiques peut provoquer des rougeurs et des réactions cutanées.
Pour éviter d’abîmer cette barrière protectrice naturelle, il est recommandé de ne pas laver bébé tous les jours.
1 bain par semaine suffit, sauf si bébé a beaucoup transpiré ou si une couche déborde.
Entre les bains, un nettoyage ciblé est suffisant (visage, mains, plis de la peau, siège).
Pour le laver, privilégier des produits doux, sans savon, sans parfum, et éviter les mousses qui assèchent la peau. Pour le sécher, tamponner délicatement avec une serviette en coton doux, sans frotter.
De façon quotidienne, le lavage du cordon les 1ers jours, et du siège, est suffisant.
Retrouver notre instinct naturel
Avec l’évolution de notre mode de vie, nous avons parfois perdu confiance en notre capacité innée à répondre aux besoins de notre bébé. De nombreuses habitudes liées à la parentalité sont aujourd’hui influencées par la culture et la société plutôt que par les besoins biologiques des bébés.
- Les rythmes de vie modernes imposent des séparations précoces entre le bébé et ses parents (retour au travail rapide, crèche, etc.).
- L’allaitement, qui était autrefois la norme, est parfois remplacé par des contraintes horaires ou des alternatives non instinctives.
- Le sommeil est devenu un enjeu complexe qui doit davantage répondre aux besoins des parents.
La peur de « mal faire », les recommandations contradictoires et la pression sociale nous éloignent de nos ressentis naturels. Pourtant, chaque parent possède une intuition précieuse, souvent éclipsée par l’excès d’informations.
Comment retrouver notre instinct parental ?
- Observer son bébé : plutôt que de suivre aveuglément des règles rigides, apprendre à décoder les signaux de son enfant permet de mieux comprendre ses besoins et d’y répondre naturellement.
- Favoriser le contact et la proximité : les pratiques ancestrales renforcent le lien parent-bébé et facilitent son bien-être.
- Se faire confiance : chaque parent développe sa propre sensibilité et son propre rythme avec son enfant. L’important est d’apprendre à écouter son intuition et à s’adapter en fonction des besoins réels de bébé.
Conclusion : un équilibre entre instinct et adaptation
Même si notre mode de vie moderne a transformé notre façon de prendre soin des nourrissons, il est fascinant de constater que leurs comportements restent profondément ancrés dans leur nature de mammifères.
Les réflexes archaïques du nouveau-né ne sont pas de simples curiosités médicales : ils sont la preuve tangible que nous sommes une espèce avec un héritage biologique fort. Comprendre ces réflexes et leur signification peut aider les parents à répondre aux besoins de leur bébé de manière plus intuitive et naturelle.
En observant un bébé avec cette perspective, on réalise qu’il n’est pas simplement un être fragile à éduquer, mais un petit humain avec des instincts puissants, hérités de millions d’années d’évolution.
Face à toutes les recommandations parfois contradictoires, il peut être difficile pour un parent de savoir quoi faire. Pourtant, en observant notre bébé, en écoutant nos instincts et en nous reconnectant aux pratiques naturelles, nous pouvons répondre à ses besoins de manière plus simple et intuitive.
Retrouver son instinct parental ne signifie pas pour autant rejeter tout conseil ou toute connaissance scientifique. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre entre savoir et ressenti, en intégrant des pratiques bienveillantes qui respectent à la fois les besoins du bébé et ceux des parents. En renouant avec cette approche plus intuitive et naturelle, nous offrons à nos enfants une base sécurisante et rassurante pour bien grandir.
En fin de compte, chaque parent doit faire des choix en fonction de ses valeurs, de son mode de vie et de ses contraintes. Mais en comprenant les besoins fondamentaux du nourrisson, il devient plus facile de prendre des décisions éclairées et bienveillantes.